« J’ai envie d’oublier que je suis la soeur de Damien, qu’il est mort, que personne ne me regarde plus de la même façon. Je sais que ce type a le pouvoir de me faire tout oublier. Et j’ai envie de lui. Tout simplement. »
Dans cette romance contemporaine sensuelle, Angie nous raconte son expérience du deuil et nous entraîne dans son cheminement personnel qui la conduit dans les bras de Valentin. Il l’aide à pleurer. Elle lui apprend à aimer. Fleur Hana pose des mots simples sur un sujet grave, rythmant ce récit de touches d’humour et d’érotisme qui donnent cette petite étincelle maintenant à distance le pathétisme déplacé dans lequel il aurait été facile de tomber.
Elle vaque à son travail et finit par revenir vers moi, passablement agacée, cette fois. — Est-ce que tu vas commander quelque chose ou bien rester toute la soirée à me regarder comme un psychopathe ? me demande-t-elle en essayant d’avoir l’air fâchée. Ah c’est bien ce que je craignais. Et ça m’excite. Oui, en effet, je commence à être inquiétant. C’est limite, même pour moi. — Ce que j’aimerais n’est pas sur la carte, je lui réponds sans la quitter des yeux. — Dis toujours… me rétorque-t-elle sans masquer son impatience. Je plisse les yeux et me penche un peu en avant afin qu’elle seule profite de ce que j’ai à lui dire, et lui murmure : — J’aimerais glisser la main sous cette ridicule petite jupe et te regarder prendre ton pied contre moi. Je sens que je vais me faire refouler et que je vais rentrer avec ma bite sous le bras et uniquement le mode manuel pour me soulager. Mais c’était trop tentant de la voir gigoter, mal à l’aise, fuyant mon regard. Elle hésite un moment et finit par reprendre de l’assurance : — Est-ce que ton pote Pierre t’a envoyé en te disant que j’étais une traînée et que tu pouvais tenter ta chance avec ce genre de répliques ? Que ce soit clair, je ne suis pas une poupée gonflable à faire tourner entre vous ! — Paul, pas Pierre… — Quoi ? — Mon pote, il s’appelle Paul, pas Pierre. Et le fait que tu ne te souviennes pas de son prénom ne joue pas franchement en ta faveur… J’essaie de me la mettre complètement à dos, là, ou bien ? C’est quoi mon problème ? Mais merde ! — Eh bien, Pierre, Paul ou Jacques, même combat ! s’impatiente-t-elle. — Rentre avec moi ce soir. — Je… Elle est interrompue par une serveuse venue passer une commande. J’essaie de me rassembler pendant cet interlude bienvenu. Sérieusement, j’ai beau faire le malin, je ne suis absolument pas sûr de mon coup. Comme je suis complètement barré, qu’elle ne tombe pas dans mes bras comme les autres nanas que j’ai l’habitude de sauter, ça m’excite de plus en plus. Information que je garderai pour moi, je ne veux pas passer pour encore plus malade que je ne le suis auprès de mes potes. Et d’elle. J’essaie de rajuster discrètement mon futal quand elle revient se placer devant moi. Elle pose les deux mains à plat sur le comptoir et se penche vers moi, m’offrant une vue imprenable sur son décolleté. Taille moyenne, un respectable 90 B, d’après moi. Ils ont l’air fermes. Un doigt sous mon menton me fait relever la tête et je tombe sur le regard sévère qu’elle me lance. — Ça fonctionne, d’habitude ? — Je n’ai pas à me plaindre, je lui réponds en haussant les épaules. — Tu réalises que ça ne va pas marcher, non ? Je veux dire, tu ne peux pas réellement t’attendre à ce que je te tombe dans les bras après cette drague au rabais ? — Tu tomberais dans mes bras avec quel genre de drague, alors ? je lui demande, en toute innocence. Elle se redresse et son regard est attiré par quelqu’un derrière moi. Elle sourit, un de ces sourires francs et spontanés auxquels je suis habitué avec mon père. J’aimerais bien qu’elle me sourie comme ça. Je me retourne, prêt à fusiller la personne qui bénéficie de cet accueil. Merde. Josselin. — Alors, V, tu essaies de te prendre un autre truc dans la tronche ? Le téléphone n’a pas suffi ? se marre-t-il. Nous nous serrons la main et il s’installe à côté de moi. Angélique s’approche de lui, se penche au-dessus du bar en prenant appui sur ses mains et l’embrasse sur la joue. — C’est ton pote ? lui demande-t-elle en sortant un verre et lui servant une pression sans attendre qu’il commande, tout en me montrant du menton. — Ça dépend, il s’est mal comporté avec toi ? — Il voudrait bien que je rentre avec lui ce soir. — Il te l’a demandé comme ça ? s’étonne Joss. Sinon, faites donc comme si je n’étais pas là… Je suis leur conversation en ayant l’impression qu’ils parlent de quelqu’un d’autre tant mon approche me semble en effet bancale, une fois sortie de son contexte. Pourtant, habituellement, je n’ai pas besoin d’aller aussi loin pour emballer la fille… Ceci explique peut-être cela… Ma technique a donc ses limites. — Oui, il a d’abord dit qu’il voulait mettre sa main sous ma jupe et puis il m’a demandé de rentrer avec lui.